Penser les sciences en société : éléments d'épistémologie politique

L’imaginaire positiviste d’une extériorité de la science à l’égard de « la société », que traduit l’expression « sciences et société » qui a longtemps prévalu, positionne les sciences dans un espace à la fois extra-social et extra-politique, en tant que lieu d’énonciation d’une vérité objective qui ferait ensuite, mais ensuite seulement, l’objet d’usages sociaux et politiques variés. Mais les objets d’étude, les problématiques, les méthodes et les résultats de la science ont perdu leur innocence à l’heure du constructivisme, de la technoscience et de la R & D, qui constituent une composante de plus en plus centrale des rapports sociaux, suscitant régulièrement des controverses. Parallèlement, de nombreux scientifiques réalisent que les résultats de leurs recherches ne se diffusent pas mécaniquement dans le tissu social et ne génèrent pas les décisions et actions qu’ils jugent indispensables. Penser les sciences en société conduit ainsi à articuler étroitement questionnements épistémologiques et enjeux éthico-politiques.